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D’où viennent au juste ces mots : groupe, collectif, comité ? Ouvrons un dictionnaire [1].
«  Comité » vient de l’anglais to commite, au sens de confier, commettre quelque chose ; « collectif » vient du latin colecta, « collecte », et de colligere, « rassembler, recueillir » ; « groupe » dérive de l’italien gruppo qui signifie d’abord « nœud, assemblage ». Ces mots recouvrent à chaque période des pratiques différentes : le « comité de salut public » sous la Révolution française ne ressemble sans doute pas trop au « comité d’initiative pour un mouvement révolutionnaire » de Mai 68.

Reste que, par-delà leur diversité, ils décrivent une perspective similaire, tantôt d’origine chrétienne, pour collectif (« quête, réunion des fidèles »), tantôt plus laïcisé, pour comité (« réunion d’un petit nombre de gens choisis pour délibérer d’une question »), tantôt encore, dans un sens artistique, pour groupe (« réunion de plusieurs figures formant un ensemble dans une œuvre d’art »).

L’étymologie de ces mots nous indique donc que nous avons affaire à des mouvements proches et particuliers à la fois, où des personnes, des formes, des idées, qui se sentent une certaine proximité, tendent à « se réunir », à « se rassembler », à « former des ensembles ». Nous tenons là une première manière d’appréhender ces mots.

Allons un peu plus loin et formulons que le groupe, pour prendre ce terme, est un système écologique expérimentant et sélectionnant dans une infinité de rapports (géographique, sexuel, organisationnel, linguistique…) ceux qui lui conviennent à un moment donné.

[1Le Robert, « Dictionnaire historique de la langue française », Paris, 2000

[2Que ce soit au niveau d’un individu ou d’un groupe, c’est bien la question de la puissance, des rapports, des rencontres et des compositions qui nous intéresse ici. De ce point de vue, nous ne distinguons pas l’un et l’autre niveau.

[3G. Deleuze « Spinoza et le problème de l’expression », éd. de Minuit, Paris, 1968, p.218

[4« L’éthique juge des sentiments, des conduites et des intentions en les rapportant non pas à des valeurs transcendantes mais à des modes d’existence qu’ils supposent ou impliquent » et « Il n’y a pas de bien ni de mal dans la Nature, il n’y a pas d’opposition morale, il y a une différence éthique », idem « Spinoza et le Problème de l’Expression » p.248 et 249

[5G. Deleuze « Spinoza, philosophie pratique », éd. de Minuit, Paris, 1981, p.35

[6Spinoza « Ethique », éd. Flammarion, Paris, 1965, p.170

[7Le cas « paradigmatique » du déchaînement des passions tristes dans un groupe est le moment où éclate les conflits qui annoncent la scission.

[8G. Deleuze, « Spinoza, cours à Vincennes, 20-01-81 », www.webdeleuze.com, p.69

[9G.Deleuze, « Spinoza, Cours à Vincennes du 24-01-78 », webdeleuze.com ; p. 17

[10idem, p.75

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