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 Serpents

On identifie souvent l’eau aux sentiments et aux émotions, mais aussi à la fertilité et au renouveau. […] Les serpents cultivent une attention particulière à la manière dont les gens se sentent. Le serpent glisse à travers les eaux, en voit la surface par en-dessous, ou creuse dans le sol et ramène la saleté. Les serpents sont au courant de ce qui se murmure dans les couloirs, des conflits naissants, et les mettent sur la place publique, là où ils pourraient aider à une médiation, à une résolution du problème.

Questions que le serpent fait exister

  • Comment les gens se sentent-ils ?
  • Qu’est-ce que les gens sentent et qu’ils ne disent pas ?
  • Qui apprécie ou déteste qui dans le groupe ?
  • Quels secrets existent au sein du groupe ?
  • Quelles en sont les règles implicites ?
  • Quels sont les conflits que les gens esquivent ?
  • De quoi les gens se plaignent-ils dans le privé et ne disent pas ouvertement ?
  • Quel est le dernier ragot ?
  • Quels sont les « agendas cachés » à l’œuvre ?
  • Qui se sent aliéné ? Pourquoi ?
  • Quels sont les conflits qui couvent ? Quels conflits restent irrésolus ?

Les serpents transgressent les lois du Censeur, parlent des non-dits, mettent en évidence ce que d’autres ne voient pas ou préfèrent garder caché. Le rôle du serpent peut être particulièrement inconfortable, et les serpents peuvent s’attirer l’antipathie du groupe. Leur rôle n’en est pas moins vital en ce qu’il est celui qui, sans doute, sape le plus les tentatives du « Roi » pour prendre le contrôle sur le groupe. La parole est l’organe de résistance le plus puissant. Un groupe ne peut pas fonctionner en esquivant les conflits ou en ne prenant pas en compte ce que les gens ressentent. Le rôle qui permet de mettre à jour les conflits est vital et précieux.
Les serpents peuvent diminuer l’antipathie dont ils font l’objet s’ils prennent la peine de poser des questions au groupe et non d’apporter des analyses. Un serpent efficace pourrait dire par exemple : « Je sens des tensions dans l’air, que ressentent les autres ? » plutôt que « John, je sais que tu détestes Marie et que tu as des difficultés avec les femmes de caractère, pourquoi ne veux-tu pas l’admettre ! ». Accepter de jouer le rôle du serpent ne signifie pas se glisser dans la peau du Juge ou jouer le rôle de thérapeute du groupe.
Si le serpent est réellement sensible à ce que les autres ressentent, elle ou il peut faire office de médiateur dans des conflits en posant des questions susceptibles d’améliorer la communication. Il est également important que ce rôle tourne […].

[1pp.278-283, Harper San Francisco ed.,1987.

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